Urbanisme n°417 : Habiter un monde plus chaud
Extraits de l’éditorial de Jean-Michel Mestres
(…) Il faut se préparer à habiter un monde plus chaud. C’est l’objet de ce dossier, à l’échelle des villes et des territoires. Il propose des analyses et des points de vue contrastés, voire opposés, sur les voies à suivre pour permettre à leurs habitants de vivre sans suffoquer, quitte à modifier les formes urbaines, et à la nature d’y jouer un rôle protecteur (…)
Ce dossier s’organise autour de quelques mots-clés : celui d’adaptation, dont Margot Pellegrino rappelle qu’elle a un double sens (adapter/s’adapter), qu’elle est itérative, sans fin et inscrite dans la durée. Celui de résilience bien sûr, devenu d’usage banal. S’intéressant aux extrêmes hydrologiques, Bruno Barroca rappelle que la résilience a deux formes : la transition socio-écologique, et la capacité de rebond face à des extrêmes climatiques imprévisibles. Partant du principe que les quartiers urbains à haute densité amplifient les effets du changement climatique, l’universitaire new-yorkais Jeffrey Raven, spécialiste des canicules urbaines, défend l’idée contre-intuitive que ces mêmes quartiers puissent absorber une partie des émissions des gaz à effet de serre (GES) grâce à des îlots de fraîcheur. (…)
Comment, en conséquence, préparer les villes aux lendemains qui chauffent ? D’abord, par la connaissance fine des phénomènes : ce à quoi s’attellent des agences d’urbanisme pour repérer, carthographier et analyser des îlots de chaleur, à l’échelle de plusieurs métropoles. Par des expérimentations intégrant la gestion des inondations dans les formes et les fonctionnements urbains plutôt que par la multiplication des digues, explique précisément Bruno Barroca. (…) En renaturant les villes, défend l’écologue Marc Barra. (…)
Titres et fonctions des auteurs cités ci-dessus, membres de l'Urban Climate Change Research Network (UCCRN).
- "Ce que l’adaptation au changement climatique veut dire" Il s’agit d’un processus dual, itératif et inscrit dans le temps. Éclairages par l’énergie et le confort. Margot Pellegrino, maîtresse de conférences en aménagement de l’espace et urbanisme à l’université Gustave-Eiffel, chercheuse au Lab’Urba
- "Extrêmes hydrologiques et résilience urbaine" Entre sécheresse et inondations, l’exemple des réseaux aquifères met en évidence la nécessité de changer radicalement d’approche. Bruno Barroca, enseignant au département Génie urbain de l’université Gustave-Eiffel, chercheur au Lab’Urba
- "Ville chaude, quartiers « cool »" À la recherche des îlots de fraîcheur. Jeffrey Raven, architecte et urbaniste, professeur au New York Institute of Technology
- "Villes résilientes, réconcilier urbanisme et nature" La nature n’est pas un élément de décoration et il ne s’agit pas de « verdir » la ville. Ce qui est en jeu : la transformation de la ville par la nature et l’augmentation de ses capacités de résilience. Marc Barra, écologue, Agence régionale de la biodiversité (ARB), Institut Paris Region